Comment j’ai amélioré mon niveau en photographie culinaire

 

« C’est moche. Je n’y arrive pas. Comment est-ce que les autres font ? Qu’est-ce qu’il fait qu’ils réussissent à faire de belles photos, et pas moi ? » Ces questions, je me les suis posée longtemps. Très longtemps même, puisque ça fait maintenant presque 2 ans que j’ai ouvert mon blog et que j’ai commencé la photographie culinaire, en partant de rien – et que ça ne fait que quelques mois que je suis extrêmement fière des photos que je prends.

Si je mets une emphase sur le mot « rien », c’est parce que c’est le cas : c’est vrai que j’ai eu un Canon dans mon adolescence, mais je n’ai jamais appris à m’en servir. Je prenais des photos comme tous les ados emos qui ont un appareil prennent des photos : je ne recherchais pas un fini « professionnel ». Je n’ai pas non plus fait d’études liées à la photographie, et je n’ai pas un membre de ma famille passionné qui m’a tout appris.

Je me suis juste achetée un appareil photo, et je me suis lancée. Et en une année et demi, j’ai énormément progressé. Et j’ai envie de vous partager aujourd’hui quelques pistes pour que vous aussi, vous puissiez être fier.es de vos photos.

 

Note : cet article étant plutôt long, je vous conseille d’utiliser un mot en recherche si vous recherchez un sujet en particulier. Tapez Ctrl + F puis essayez par exemple les mots « réglages », « lumière », « bokeh », « inspiration » ou encore « exercice » !

 

 

 

Mon matériel en détails

  • Appareil photo / caméra Canon EOS 70D
  • Objectif Canon 18-135mm (kit lens)
  • Objectif Canon 50mm f1.8
  • Trépied Manfrotto 290 Dual avec une rotule 3D MH804-3W
  • Logiciel de retouche Lightroom version 2015.1

 

     1. Apprenez à vous servir de votre appareil

 

J’ai acheté mon appareil quand j’ai commencé mon blog, je n’utilise donc qu’un seul et même appareil (et objectif) depuis le début : un Canon 70D muni d’un objectif 18-135mm. C’est un appareil que je trouve plus que bien pour débuter parce que les images sont de bonne qualité, et les réglages facilement modifiables. Je l’ai acheté neuf, c’est donc un investissement, et un gros investissement – mais vous pouvez probablement le trouver moins cher d’occasion. (EDIT décembre 2019 : J’utilise aujourd’hui également un objectif à focale fixe, le 50mm f1.8, qui donne un très beau bokeh et se trouve à prix très abordable, neuf ou d’occasion).

Pour apprendre à m’en servir, un livre m’a beaucoup, beaucoup aidé : Food Photography, from snapshots to great shots, de Nicole S. Young. Oui, malheureusement, c’est un livre qui n’a pas de traduction française. Je n’ai pas trouvé d’équivalent français, car c’est un sujet sur lequel on écrit moins en France. Mais heureusement, Internet est plein de ressources gratuites à votre disposition. Cependant, si vous savez parler anglais, je vous conseille vraiment de vous procurer ce livre pour avoir les conseils directs d’une personne qui travaille dans le domaine de la photographie culinaire.

Je ne vais pas vous faire un cours de photographie car ce n’est pas le but de cet article. Mais voilà ce qui m’a changé la vie : apprendre à me servir de l’ouverture, qu’on appelle aussi l’ouverture focale, et apprendre à me servir de la vitesse d’obturation, qu’on appelle aussi temps de pose (ce qui est un terme plus compréhensible). Il y a aussi la distance focale que j’utilise personnellement de manière instinctive et qu’il me reste à maîtriser. J’ai inclus des liens pour que vous puissiez en apprendre plus sur ce que signifient ces termes.

 

     2. La lumière est votre meilleure alliée

 

Et vice versa : le manque de lumière est votre pire ennemi. C’est pour cette raison que l’hiver sera, également, votre pire ennemi : quand le soleil commence à décliner à 16h, et qu’il ne se lève pas avant 7h, prendre des photos quand on a des horaires de travail type 8h – 17h devient impossible. Il vous faudra prendre vos photos le week-end.

Vous remarquerez que je parle bien de la lumière du soleil, et uniquement de la lumière du soleil. C’est parce que c’est la meilleure lumière qui s’offre à vous pour faire de la photographie culinaire. Si vous avez déjà cherché des conseils sur la photographie, vous l’avez probablement déjà lu, et je vais enfoncer le clou une nouvelle fois : si vous voulez prendre de belles photos, des photos de qualité, des photos devant lesquelles on se dit « wahou », en particulier si vous débutez, alors vous devrez utiliser la lumière naturelle, et surtout pas la lumière de vos luminaires d’intérieur. 

J’ai personnellement un spot de lumière, que je n’utilise absolument jamais. Il dort dans un placard, je ne l’ai utilisé que pour un selfie. Déjà, parce qu’il n’imite en aucun cas la lumière naturelle, et parce qu’en plus, ça chauffe. Ça chauffe énormément. Les spots de lumière peuvent être de vrais radiateurs, ce qui rend le travail avec des spots encore plus compliqué, surtout si c’est pour photographier de préparations sensibles à la chaleur (chocolat, gâteaux, produits frais…). Evidemment, si vous avez déjà tout un studio équipé à votre disposition, c’est une autre histoire, mais ce n’est pas le cas du commun des mortels !

Choisissez donc la photographie à la lumière naturelle, sans jamais être directement dans les rayons du soleil. Vous pouvez soit prendre des photos devant une fenêtre côté nord, soit devant une fenêtre côté sud, mais à l’ombre.

 

 

     3. Inspirez-vous des autres

 

Imiter, c’est apprendre. Je dis bien imiter, pas plagier – car c’est comme ça qu’on apprend : en imitant. Il n’y a aucune honte à s’inspirer et à se gorger de la créativité des autres – que ce soit en terme d’associations de couleurs, d’idées de « props » (les accessoires que vous choisissez pour vos photos), de disposition de vos éléments, mais aussi d’angle de prise de vue (la position de l’appareil photo). Certains plats sont mieux vus de haut, certains plats sont mieux vus de profil… Et selon la position de l’appareil, la photo sera travaillée différemment.

Pour trouver de l’inspiration et voir comment travaillent les photographes qui ont plus d’expérience, je vous invite à aller voir des sites que vous connaissez déjà : Pinterest et Instagram, qui regorgent de photographes talentueux.ses. Je ne sais pas encore très bien me servir de Pinterest (hum hum…), mais je m’en sers souvent en tapant dans la barre de recherche, par exemple, « lemon pie styling » si je veux photographier une tarte du style tarte au citron, etc. Quant à Instagram, je m’en sers comme bibliothèque d’idée : quand je vois une photo qui m’inspire, que ce soit sur mon feed ou dans mes suggestions de contenu, je l’enregistre en cliquant sur le bouton en forme de marque-page, en bas à droite d’une photo (pour les retrouver, il vous suffira d’aller sur votre profil, de dérouler le menu en cliquant sur les trois barres en haut à droite, et de cliquer sur « articles enregistrés »).

ATTENTION : même si je vous invite grandement à vous inspirer des personnes ayant plus d’expérience, je vous déconseille cependant de vous comparer à ces personnes de manière négative. Et c’est aussi pour ça que je vous conseille de vous inspirer de personnes dont le niveau de photographie est ATTEIGNABLE. Je suis devenue fan de photographie culinaire en suivant Our Food Stories. Derrière ce compte, Laura et Nora, qui pour l’une a étudié le stylisme et pour l’autre la photographie, prenant des photos de folie dans la campagne allemande…

Je suis absolument fan de leur travail. Et, par extension, quand j’ai commencé la photo, je les enviais énormément. Autant vous dire que j’étais plutôt déçue de ne pas réussir à recréer leur univers… Comme si c’était quelque chose de possible à mon niveau ! Inspirez-vous donc plutôt de personne dont l’univers correspond au vôtre, ce qui vous permettra de vous améliorer.

 

     4. Prenez plaisir à prendre vos photos

 

C’est quelque chose que vous ne pouvez ni régler sur votre appareil photo, ni en vous prenant la tête pour acheter des accessoires. Prenez du plaisir lorsque vous vous installez et que vous prenez vos photos. C’est peut-être bête à dire, mais c’est très important, et je vais vous dire pourquoi (et comment).

Quand je regarde mes anciennes photos, en particulier celles de décembre 2018 (où j’ai dû faire une grosse production de photos pour mes articles de Noël), je fais une nette différence entre les photos que j’ai aimé prendre, et celles que j’ai détesté prendre. Bien sûr, il y a des photos que j’ai détesté prendre, car je ne trouvais aucun moyen de mettre en valeur le sujet (c’est par exemple le cas de ma tapenade de tomates séchées, qui a été un vrai cauchemar à photographier, bien que cette recette soit absolument délicieuse). Mais les photos qui me déçoivent le plus quand je les regarde, ce sont les photos que je n’ai pris aucun plaisir à prendre car je n’en avais pas le temps. C’est les photos que j’ai dû prendre en vitesse, dans le stress, parce que ma famille rentrait et sortait, avait besoin de la salle à manger (où je prenais mes photos), voulait regarder la télé, se mettait à discuter… Et où je n’avais qu’une envie : remballer mes affaires. Car s’il y a bien quelque chose que je ne supporte pas, c’est de travailler dans la précipitation, et de ne pas pouvoir porter toute mon attention sur ce que je suis en train de faire.

C’est donc un conseil cher à mon cœur que je vous donne. Prenez vos photos dans le calme. Ça veut dire éteignez la télé, mettez pause à votre podcast, et si vous ne vivez pas seule, demandez aux personnes avec qui vous cohabitez de bien vouloir quitter la pièce le temps que vous preniez vos photos. Je ne compte plus le nombre de photos que j’ai ratées parce que quelqu’un regardait la télé ou téléphonait à côté, ou me fixait, ou encore pire, me donnait des conseils malvenus alors que j’essayais déjà tant bien que mal de faire une composition.

 

 

 

     5. Conseils non exhaustifs qui viennent de l’expérience

 

  • Prenez vos photos avec un trépied. Je pense qu’il est très difficile de prendre constamment les photos à la main, car ça réduit la possibilité de s’améliorer : vous serez obligé.e de prendre des photos avec un temps de pose plus court pour qu’elles soient nettes, vous ne pouvez pas ajuster votre composition tout en gardant la pose… Vraiment, il n’y a que des avantages à vous munir d’un trépied, ne serait-ce qu’un trépied à petit budget pour commencer.

 

  • C’est plus facile de prendre en photos des choses de tailles moyennes ou petites que de prendre des photos de grandes assiettes. Je n’achète (et ne prend en photo) que des assiettes de type assiette à dessert, jamais des assiettes à plat principal, que ce soit pour le sucré ou le salé. J’en ai, mais je ne les utilise pas justement parce qu’elles rendent les photos difficiles à composer. Pareillement, c’est bien plus facile de prendre des photos dans des plats ronds ou arrondis que dans des plats carrés ou bizarrement formés.

 

  • Tentez les photos en mode PORTRAIT. Quand j’ai commencé la photographie, je ne prenais que des photos en mode paysage – finalement, je me sens bien plus à l’aise avec le mode portrait. La composition est différente, et d’après moi, plus facile à réussir – mais ce n’est peut-être que mon avis. Je continue à prendre des photos en paysage majoritairement pour le blog.

 

 

 

     6. Les réglages que j’utilise pour mes photos

 

Si vous avez lu l’article et / ou que vous connaissez un peu le fonctionnement d’un appareil, vous devriez arriver à comprendre ce que je dis !

J’utilise généralement les mêmes réglages : je mets l’ouverture au plus petit chiffre possible, et la vitesse d’obturation entre 15 et 30 (ce qui correspond à un temps de pose entre 1/15 et 1/30 de seconde), puisque je photographie majoritairement des sujets immobiles. Si j’ajoute un élément qui n’est pas immobile (par exemple, si je saupoudre du sucre glace sur le sujet de la photo), j’augmente la vitesse (donc je diminue le temps de pose – vous suivez ?). Vous verrez que plus elle est rapide (le chiffre augmente), moins il y a de luminosité sur l’image – et plus elle est lente, plus il y a de luminosité.

En gardant cet élément en tête, j’essaye de garder mon ISO au plus petit nombre possible (donc 100), car plus l’ISO monte, plus la qualité de la photo baisse, d’où la difficulté de prendre des photos lorsque la luminosité est basse. Si je diminue le temps de pose, je suis obligée d’augmenter l’ISO. Je prends aujourd’hui la plupart de mes photos face à une baie vitrée orientée côté sud, quand les rayons du soleil ne brillent plus directement à travers.

J’utilise toujours l’ouverture focale la plus basse que je peux utiliser, elle tourne donc autour de F/5. Une ouverture basse comme celle-ci permet de réduire la profondeur de champs, c’est à dire que le fond de la photo sera couvert d’un flou artistique, qu’on appelle le bokeh. Le bokeh permet d’insister sur le sujet de la photo et de la rendre plus intéressante à regarder.

Il ne reste plus qu’à changer la température des couleurs en fonction du temps qu’il fait (soleil ou nuageux). Oubliez le mode « Lumière Tungstène » (et oubliez le flash), qui donne une couleur bleue / froide à vos photos. Je pensais que c’était cool quand j’ai commencé à prendre mes photos, et oh, erreur ! Ne perdez pas votre temps à essayer de prendre de belles photos avec ce mode. Personnellement, je change de mode en fonction de la luminosité, j’en regarde plusieurs pour voir lequel donne les meilleures couleurs d’après moi. J’utilise de plus en plus la balance des blancs que l’on peut changer manuellement pour augmenter ou baisser la température d’une image.

Niveau trépied, j’ai récemment fait l’acquisition d’un trépied de compet’ : un Manfrotto 290 Dual avec une rotule 3D MH804-3W. Ouais, moi aussi j’ai encore un peu de mal avec tous ces termes. C’était un investissement car il m’a coûté à peu près un rein, mais mes précédents trépieds tombaient en lambeaux et après mûres réflexions, j’ai préféré prendre un trépied professionnel – et je ne suis pas déçue du tout. Et quand je dois utiliser un de mes précédents trépieds, je fais franchement la différence. Pour autant, je ne pense pas qu’il faille obligatoirement un trépied de qualité pro pour pouvoir commencer la photo, au contraire – à moins que vous en ayez les moyens, vous pouvez très bien commencer à apprendre la photo avec un petit trépied premier prix, tant que celui-ci possède une rotule qui puisse basculer en mode portrait (laissez tomber les trépieds qui ne vous permettent de prendre que des photos en mode paysage).

Pour ma part, je prends mes photos à distance grâce à l’appli Camera Connect, dispo sur probablement tous les smartphones. Si votre appareil photo possède un mode wi-fi, vous pouvez donc vous servir de cette application : elle permet de pouvoir s’éloigner de l’appareil photo pour modifier / arranger sa composition en live, c’est-à-dire, tout en voyant l’image directement sur l’écran de votre portable. Et c’est très, très, très pratique. Elle permet aussi une plus grande netteté d’image, puisqu’on n’a même pas besoin de bouger l’appareil pour prendre la photo – pas de risque donc de le faire légèrement bouger en prenant la photo.

Un dernier mot sur le format des photos : un appareil photo de type Canon peut enregistrer les formats sous deux formats, JPEG ou RAW. Le format RAW n’est pas lisible tel quel (vous ne pourrez pas, par exemple, télécharger directement une image sur votre blog sous format RAW), mais il donne des images de meilleures qualités destinées à être retouchées ensuite. Si vous possédez donc le logiciel de retouche Lightroom, ou Photoshop CC, c’est ce format-là que vous devrez choisir pour prendre vos photos. Les retouches sous ce logiciel ne sont pas imaginables avec le format JPEG. En revanche, les photos en JPEG sont utilisables telles quelles, et sont bien moins lourdes. Je prends mes photos sous les deux formats, mais j’envisage de ne les prendre qu’en RAW pour conserver de la place sur mes cartes SD.

Je ne parlerai pas des retouches photos car je pense que c’est un tout autre sujet. Je ne suis personnellement pas d’accord pour dire que la retouche photo représente la moitié du travail lorsqu’on veut faire de la photographie. Même si maintenant que je sais me servir de Lightroom, et que je trouve mes photos bien plus belles après retouche, je reste convaincue d’une chose : une photo ratée sera toujours ratée après retouche. Et une photo belle après retouche est une photo qui était déjà réussie.

 

     7. Comparaison de photos, mes progrès entre 2018 et 2019

 

Rien de plus parlant d’après moi qu’un exemple visuel ; j’ai donc eu envie de vous montrer deux photos que j’ai faites d’une recette similaire, l’une prise en décembre 2018, l’autre prise en novembre 2019. Voyez par vous-mêmes :

 

 

A gauche, la recette de mes délicieux rochers pralinés – à droite, ma recette de truffes au chocolat (à venir très prochainement pour les fêtes). Quand je regarde ces deux photos, j’ai du mal à me dire qu’elles ont été prises par la même personne.

En dehors de la différence des accessoires, j’ai envie de vous faire une petite analyse de ce qui, d’après moi, ne va pas dans la première photo, et ce qui, au contraire, permet à la deuxième photo d’être meilleure.

Parlons de la première photo, prise en décembre 2018, il y a pratiquement 1 an.

 

     Photo 1

 

  • Détails de la photo 1 : Ouverture F/5.6 – Temps d’exposition ½ seconde – Distance focale 97mm – ISO 100 . J’ai pris cette photo rapidement, stressée parce qu’il y avait des personnes autour de moi et que je savais que je n’avais pas la possibilité de prendre mon temps. J’étais face à une fenêtre côté nord en fin d’après-midi.
  • La température des couleurs (balance des blancs) est mal réglée. Les reflets orange pullulent, alors que la photo a été prise à la lumière du jour. Même le tissu, gris, ressort orangé.
  • Les couleurs (gris, marron, noir) ne s’accordent pas ensemble. Les couleurs des accessoires ne mettent pas en valeur le sujet principal de la photo.
  • C’est d’autant plus vrai à propos de la couleur de l’assiette, très similaire à la couleur des rochers au chocolat. J’ai d’ailleurs dû ajouter du cacao sur l’assiette pour qu’on puisse faire la différence.
  • Le sujet principal se noie au milieu des accessoires, qui prennent bien trop de place : l’assiette, pratiquement vide, occupe la moitié de la photo. Le tissu utilisé en fond occupe le reste de la photo alors qu’il n’apporte aucune couleur, aucune texture, aucun encadrement, aucune histoire. Il y a un problème de hiérarchie, où on a du mal à savoir quel est le rôle de chaque élément sur la photo.
  • Le reflet sur le chocolat est (pour moi) très désagréable à regarder. C’est un problème qu’on retrouve en photographiant près d’une fenêtre, sur les matières qui reflètent la lumière (le verre, le chocolat, certains liquides…). Il aurait fallu bloquer la lumière du côté d’où provient le reflet, avec un panneau, et choisir des accessoires qui n’accentuent pas ces reflets. Ici, l’assiette est satinée, le tissu est brillant, bref, rien ne va.
  • La composition de l’image est quasi inexistante. On a du mal à savoir où l’œil est sensé se concentrer, si ce n’est la noisette au milieu de l’image (et encore, difficile de comprendre que c’est une noisette).

 

Passons maintenant à la seconde photo, que j’ai prise récemment. J’espère qu’on sera tou.te.s d’accord pour se dire que c’est une bien plus belle photo que la première, de manière subjective comme de manière objective. Regardons-la d’un peu plus près.

 

     Photo 2

 

  • Détails de la photo 2 : Ouverture F/5.6 – Temps d’exposition 1/80 seconde – Distance Focale 92mm – ISO 500 . J’ai pris cette photo au calme, il n’y avait personne pour me déranger, je pouvais prendre mon temps. J’étais installée à côté d’une baie vitrée côté sud, en milieu d’après-midi.
  • On peut noter que mes réglages sont plutôt similaires à ceux de la première photo. Le temps d’exposition est plus court, et l’ISO plus haut, parce que je voulais qu’on puisse voir le cacao que je saupoudrais sur les truffes. L’effet n’est pas exactement celui que je recherchais, j’ai besoin de faire plus d’expérience pour avoir un rendu de mouvement vraiment net (si tant est que ce soit possible sans studio avec lumière artificielle).
  • Le premier élément qu’on remarque au-delà de ça, c’est la présence d’une meilleure perspective et donc d’un plus beau bokeh. Je me suis éloignée physiquement du sujet et j’ai pris la photo davantage de profil, tout en gardant une profondeur de champ la plus faible possible (ouverture à F/5.6). Du coup, l’arrière-plan est flou (et c’est ce que je recherche !).
  • Le sujet est bien plus identifiable, non seulement grâce à la perspective, mais aussi grâce aux accessoires que j’ai utilisés : les truffes couleur chocolat sont empilées dans une tasse blanche au centre de l’image. Les accessoires qui décorent la photo sont simples et s’accordent à l’ambiance que j’ai voulu créer : en plus de la lettre, de la tasse et du sceau, j’ai simplement utilisé plus de truffes et de carrés de chocolat pour habiller l’image. Pas besoin d’après moi de la saturer davantage, car j’aime beaucoup le fond que j’ai utilisé (je l’ai bricolé moi-même avec des planches), mais ça dépend du style de chacun.
  • La balance des blancs est bien réglée : les couleurs sont fidèles à la réalité. On peut d’ailleurs voir la différence avec la photo 1 : sur la photo 1, le cacao saupoudré sur l’assiette est orange. Sur la photo 2, le cacao est marron et mat.
  • L’ensemble des couleurs est bien plus cohérent : même si le fond est marron, comme les truffes, la tasse blanche permet de les différencier et de faire ressortir le sujet. La lettre posée en dessous permet de créer un socle qui ancre davantage le sujet sur l’image (j’aurais aussi pu utiliser un tissu plié, ou la soucoupe de cette même tasse).
  • J’avais d’abord choisi le petit pot en verre (qu’on voit au fond) pour être au centre de l’image. J’ai rencontré deux problèmes : il était trop petit pour accueillir plus de 3 ou 4 truffes, et la lumière se reflétait atrocement dessus, quoi que je fasse. La tasse a été parfaite pour le remplacer.
  • Plus important encore peut-être : cette photo raconte une histoire. La tasse vintage en porcelaine anglaise, la lettre manuscrite (qui date des années 1920), le sceau, le bois vieilli… Tous ces éléments permettent de créer une ambiance. C’est une photo que j’ai pris non pas simplement pour illustrer une recette, mais pour le plaisir de la photographie. Et c’est un détail qui a son importance : j’ai pris beaucoup de plaisir à prendre cette photo, alors que j’étais stressée et que je devais me dépêcher pour prendre la photo 1.

 

     Photo alternative

 

Mon style a énormément évolué depuis 2018 et 2019. J’ai accumulé beaucoup de nouveaux accessoires, j’ai bricolé des fonds photos pour faire des images plus esthétiques, et je ne prends plus mes photos dans la salle à manger de la maison familiale. J’ai trouvé mon style : je préfère le vintage, les compositions un peu plus épurées. Ça ne veut pas dire que je réussis mes photos à tous les coups, loin de là, mais je porte un autre regard sur ce que je fais.

Cependant, j’avais envie de vous donner une idée alternative sur comment j’aurais pu mieux réussir ma photo 1. Elodie, que vous connaissez peut-être sous le pseudonyme de La Tortue Fringante, a partagé l’année dernière sa recette de truffes au chocolat pour Noël. La photo qu’elle en a fait a une composition similaire à celle de ma photo 1, à quelques détails près que sa photo, à elle, est réussie.

 

 

  • Détails de la photo : Ouverture F/2 – Temps d’exposition 1/60 seconde – Distance focale 35mm – ISO 2000 . La photo a été prise en fin d’après-midi.
  • Si j’ai choisi de vous montrer cette photo, c’est parce qu’elle reprend la même composition que ma photo 1 : les truffes sont posées sur une assiette, l’assiette occupe la majorité de l’espace. A la différence de ma photo 1, le sujet est clairement identifiable, en particulier grâce aux truffes qui sont roulées dans la noix de coco et qui apportent un contraste sur cette photo majoritairement sombre. La balance des couleurs est plutôt bien réglée puisqu’on différencie clairement les truffes de l’assiette noire.
  • La composition est simple et suffit à raconter une histoire : le bois, la bougie, les branches (de houx ?) dans le fond, recréent tout naturellement une ambiance de Noël.
  • Parlons rapidement des réglages choisis : personnellement, je ne travaille pas avec ces réglages-là, car j’ai un tout autre appareil photo. Mon ouverture ne peut pas descendre en dessous de F/3.5, et comme j’utilise le « zoom » de mon appareil, le minimum descend généralement autour de F/5. Elodie possède un Fujifilm X-E2 avec un objectif 35mm F/1.4 – c’est une focale fixe, ce qui signifie qu’il n’y a pas de zoom. Son ouverture à F/2 permet l’obtention d’un très beau bokeh. Personnellement j’aurais beaucoup de mal à travailler sur ce genre d’appareil car je trouve qu’ils laissent moins de liberté, mais j’avais envie de vous montrer ce qu’on peut faire avec un appareil photo et des réglages différents.

 

     8. Petit exercice pratique

 

Pour pouvoir voir de vous-mêmes tout le pouvoir qui se trouve dans votre appareil, je vous propose un petit exercice pratique. Vous avez probablement déjà vu ces exercices démontrés sur des sites de photographies (comme ceux que je vous ai linkés plus haut), mais je pense que c’est bien plus ludique de le voir par vous-mêmes. Tout particulièrement parce que les résultats varient des appareils et des conditions dans lesquelles les photos sont prises.

  • Choisissez un sujet à photographier : je vous conseille un fruit. Une pomme coupée en deux par exemple, une mandarine épluchée… Puisqu’on parle photographie culinaire, autant faire l’exercice avec de la nourriture.
  • Installez-vous pour prendre vos photos, près d’une source de lumière naturelle, avec votre trépied si possible. Préparez-vous à prendre des photos de profil : vous serez donc en face du sujet, et non pas au-dessus. En mode portrait ou paysage, peu importe.
  • Posez votre fruit au centre de votre image, de manière à capturer un côté du fruit que vous trouvez esthétique. Mettez votre appareil en mode manuel. Définissez votre balance des blancs : vous pouvez la laisser en mode automatique si vous avez du mal à définir quel est le meilleur mode.
  • Vous allez commencer à prendre des photos en changeant l’ouverture de votre appareil (ce réglage est modifiable si votre objectif n’est pas à focale fixe). En mettant le focus sur votre sujet, prenez une première photo avec votre ouverture au maximum (autour de F/22) pour moi. 
  • Prenez maintenant une photo avec l’ouverture au minimum (autour de F/5 pour moi).
  • Choisissez la plus petite ouverture et modifiez maintenant le temps de pose (vitesse d’obturation). Mettez l’ISO au minimum et essayez de trouver quel est le temps de pose qui permet d’avoir assez de lumière sur l’image. S’il fait un peu sombre, n’hésitez pas à monter l’ISO jusqu’à 500 maximum.
  • Maintenant, on va modifier un peu l’image. Posez votre fruit sur une assiette, une planche à découper en bois. Échangez ensuite la planche avec une assiette blanche, puis une assiette noire, etc. Prenez une photo de chaque accessoire avec lequel vous faites ces essais.
  • Retirez cette accessoire et changez maintenant la couleur de fond sur lequel repose votre fruit : si vous prenez la photo sur une table, votre plan de travail, etc, essayer de recouvrir cette surface avec un tissu d’une autre couleur. Par exemple, une écharpe noire, une serviette blanche, etc. Posez votre fruit directement dessus et prenez les photos (essayez de le faire avec deux fonds de couleurs drastiquement différence).
  • Consultez ensuite toutes ces photos directement sur votre ordinateur (et non pas sur votre appareil). Cet exercice vous aidera à comprendre à quel point des réglages différents peuvent donner une image différente. Il vous aidera aussi à trouver qu’est-ce qui correspond le plus à la lumière que vous avez chez vous.

 

 

On arrive enfin à la fin de cet article. Fiou ! J’espère que vous trouverez ça intéressant et que vous n’avez pas fermé la fenêtre au bout de 3 lignes ! 

Non, vraiment, honnêtement, du fond de mon coeur, j’espère que cet article vous plaira et que vous y trouverez des conseils utiles pour vous aider, vous, à prendre des photos. Que ce soit juste pour votre insta, par curiosité, par envie, ou parce que vous voulez lancer un blog… J’espère vraiment que vous trouverez ici quelques réponses que moi-même j’aurais voulu trouver quand j’ai commencé le blogging et la photographie culinaire. 

Si c’est le cas, vraiment, j’adorerai que vous partagiez cet article et que vous me laissiez un commentaire. J’ai vraiment pris de très nombreuses heures à écrire et peaufiner cet article, parce que vous m’avez dit sur les réseaux sociaux que ça vous intéresserait. Donc j’espère vraiment que vous réserverez à cet article un accueil visible et positif ! Dîtes-moi ce que vous en avez pensé, posez-moi des questions si vous en avez, ajoutez vos propres remarques : je prends tout ♥

Vous y êtes probablement déjà, mais si ce n’est pas le cas, venez me suivre sur les réseaux sociaux : Instagram | Facebook | YouTube . A bientôt ♥

 

 

PS : Cet article est écrit dans un but purement informatif. Je suis toujours moi-même en train d’apprendre, en train de collectionner des accessoires, de développer mon univers. Je ne me considère pas comme une professionnelle, simplement comme quelqu’un qui a réussi à gagner un peu d’expérience à force d’essayer. Je continue à rater des photos, je continue à parfois ne pas arriver à comprendre ce qui ne va pas. Peut-être que dans 1 an, je vous ferai un autre article ? 😉



9 thoughts on “Comment j’ai amélioré mon niveau en photographie culinaire”

  • Merci pour cet article ! C’est super intéressant !
    Je sais que je prends des photos « moches » et je ne prends pas de photo culinaire mais ça me donne des bonnes bases pour voir comment m’améliorer !
    Belle journée !

    • Roh il n’y a pas de photos moches, il n’y a que des photos qui attendent d’être améliorées… 🙂
      Merci pour ton retour, belle journée à toi aussi ♥

  • Hello ! Bravo pour cet article ! Tu as du y passer beaucoup de temps…
    Tu as progressé hyper vite, ça a mis beaucoup plus de temps de mon côté ^! Ce qui a été un boost pour moi c’est de regarder des vidéos sur youtube, et de regarder des formations d’empara (c’est payant, mais la qualité est ouf!)
    Je me permet juste une petite nuance par rapport à la lumière naturelle. Je shoote 99% du temps à la lumière naturelle, mais j’ai découvert qu’une lumière artificielle bien travaillée peut vraiment donner des résultats proches de la lumière naturelle (quand je dis bien travaillée, ça veut dire lumière continue, diffuseur et flash déporté, donc ouais, tout un équipement). Si tu ne les connais pas déjà, je t’invite à regarder le boulot de Lauren Caris et Joanie Simon sur youtube et insta, elles utilisent de plus en plus la lumière articicielle.

    • Merci pour les suggestions, je suis en train de regarder toutes les vidéos de « That’s Sage » haha ! Ça va bien m’aider parce qu’il y a pas mal de trucs que j’ai déjà lus / que je sais instinctivement mais c’est vraiment un frein pour moi quand je ne vois pas exactement la mise en place de ces techniques donc ça va bien m’aider, je pense que je vais me lancer à faire des tests (pour avoir une photo dark et moody par exemple… ;)))
      Et je comprends complètement ce que tu dis par rapport à la lumière artificielle. Mais comme je m’adressais en particulier aux gens qui commencent / n’ont pas forcément un tas de matériel, c’est pour ça que je parle de lumière naturelle – en contraste avec la lumière orange de nos luminaires quoi. Je vais le spécifier dans l’article 🙂 Sinon en effet je rêverai de pouvoir avoir un studio avec tout le matériel qui va avec, comme une vraie professionnelle. Mais je pense que pour réussir à travailler la lumière artificielle il faut déjà avoir une certaine connaissance de la lumière tout court, et vu que la plupart des personnes n’ont pas de studio tout équipée, pour moi ça passe par la lumière naturelle. Mais c’est peut-être mon avis perso haha

      • Ah le rêve d’un studio, j’en suis là aussi ! Les vidéos et Lauren et Joanie m’ont vraiment vraiment beaucoup aidées !

  • Hello Coraline,

    J’attendais cet article avec impatience et je te félicite pour tout ce travail !
    Je n’utilise pas d’appareil photo mais mon portable pour le moment car je ne suis pas spécialisée dans la photographie culinaire.
    J’aime cependant prendre quelques recettes en photo pour mon compte insta et donc je m’inspire beaucoup de belles photos ici et sur Pinterest.

    La partie de ton article qui m’a le plus intéressée c’est donc celle où tu compares tes deux photos et où tu expliques ce que tu as changé. Franchement bravo pour cette évolution, honnêtement je bave toujours devant tes compositions !

    Je prends bien note de certains éléments importants au niveau des couleurs et de la disposition des accessoires pour mettre l’accent sur un élément en particulier.

    Merci pour tous ces conseils précieux !
    J’adore ton univers et j’ai hâte de voir ce que tu nous réserves pour l’année à venir 😀

    Bises
    Justine

    • Coucou,

      Merci beaucoup pour ton commentaire ! En effet c’est autre chose quand on prend les photos avec son portable, quoi que maintenant on peut changer pas mal de réglage sur son mobile. Mais je t’avoue que même en sachant ça je suis incapable de faire de belles photos avec mon portable haha !

      Je suis contente de lire que malgré tout il y a des passages qui te sont utiles.

      Et merci beaucoup à toi pour tes compliments ♥
      A bientôt ♥

  • merci
    Article très intéressant.
    j’ai appris beaucoup choses
    j ‘ai adoré et il était pas long👍

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